La chaise, de par son affiliation directe avec le trône, contribue à représenter la puissance de celui qui l’occupe. Elle individualise, elle distingue, elle porte au-dessus de la masse, suspendant au-dessus du sol celui qui l’utilise. Celui qui s’assoie gouverne celui qui se tient debout
Mais le pouvoir se paie, absurdité ergonomique, traumatisante, fatigante, elle coupe l’homme de sa nature et l’éloigne de la position accroupie naturelle.
Sa démocratisation au cours des siècles sert l’uniformisation de la société, dès l’enfance, la chaise formate socialement en pliant le corps aux codes de la civilisation occidentale. Elle impose, elle dicte son usage, dans le siège même réside la manière de s’asseoir. En ce sens, la chaise est un objet à vertu disciplinaire.
La chaise distille ainsi une ambivalence dans les possibilités de son usage, possiblement catalyseur, elle peut tout autant être inhibiteur de celui qui siège
Elle le suspend au-dessus du sol à la manière du divin, le coupant de ses liens avec la terre, le dégageant symboliquement de son humanité.
On sent le fragile équilibre entre du désir enivrant d’une forme de force divine se faisant au détriment de son lien à soi-même, à l’autre, à l’espace, à la vie.
La chaise se suffit à elle-même. Qu’importe le lieu, par sa présence même, elle évoque l’existence de celui qui devrait y siéger.
Asseyez donc sur le siège ce qu’il tait , ce qu’il attise, Contemplez-vous !